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Retour sur le MUN de l'IHEI

Retour sur le MUN de l'IHEI
Simulations de négociation internationale Model United Nations (MUN)

Vers une sortie de blocage au Sahara occidental ?

Le 17 février 2024, les étudiantes et étudiants de l’Institut des hautes études internationales (IHEI) ont pris part à une simulation de négociation diplomatique sur le modèle des Nations Unies (MUN) : vingt États1 ont pu ainsi débattre et négocier autour de l’autodétermination des peuples et des territoires non autonomes, afin que soit apportée, au profit de la population sur place, une solution viable à la question suspendue du statut international du Sahara occidental. Dans son discours introductif, Pascale MARTIN-BIDOU, invitée d’honneur, a rappelé le bénéfice d’un tel exercice, dans un environnement international où, plus que jamais, le jeu de la solidarité mondiale doit aider à relever les défis communs, conformément à la recherche de la Paix imprégnant la Charte des nations unies tout entière. Sur ces mots, la présidente Fanta DEMBÉLÉ et sa vice-présidence Sarah BAYDOUM, doctorantes de l’Institut, appellent tour à tour les États à exposer chacun son point de vue. C’est ainsi qu’après un mois de recherches approfondies grâce aux méthodes enseignées par l’IHEI, les discours résonnent dans l’amphithéâtre.

On se rue sur les chevalets. « Chaque peuple a le droit de déterminer son propre épilogue ! », clame la Lybie, cependant que, sur proposition de l’Arabie Saoudite, l’assemblée s’attèle à la nécessaire définition de l’autodétermination. Avec ardeur, le Maroc martèle que l’autodétermination n’implique pas le choix binaire entre l’intégration et l’indépendance, tandis que les délégations du bloc occidental (notamment, France, Royaume-Uni, États-Unis) prennent parti pour le libre choix du peuple sahraoui (comprenant clairement une « possibilité d’indépendance »). Gare toutefois à la porte ouverte aux séparatismes, du côté du Mali, du Burkina Faso et de la Libye, qui rappellent que le droit international à l’autodétermination ne saurait ouvrir un droit « aux sécessions tous azimuts ». Une ligne ainsi se dessine, car pour les pays africains, le Sahara est marocain, et tout le reste relève d’une stratégie sécessionniste orchestrée par le Front Polisario insoutenable dans le cadre de l’ONU. Et si référendum il y a, une issue seule est possible : l’autonomie, hors toute question d’indépendance. Sans doute, comme le relève le Venezuela, si le Maroc attend ainsi plusieurs décennies pour évoquer l’idée constructive de la mise en place d’un référendum, c’est pour une issue connue. D’ailleurs, d’après le Mali, « ce débat est inutile », attendu que l’affaire est entendue : affaire exclusivement marocaine !

Après une pause-café bien méritée, les délégations s’interrogent sur l’implication de colons marocains dans le référendum. Fidèle à ses valeurs et à ses ambigüités, la France reconnait qu’il y a là une difficulté, en droit international, mais elle dit pouvoir concevoir une telle participation au processus de décision du sort des populations sahraouies, et ce, au nom d’une « résolution durable, pérenne et satisfaisante pour l’ensemble des parties ». De tels propos font bondir de son siège la délégation malienne : « La France n’a rien à voir et rien à dire dans ce choix de référendum ! ». Dans sa grande neutralité, la Chine abonde, rappelant le principe de non-ingérence dans les affaires intérieures, à la grande satisfaction du Maroc. La scission qui apparaît alors entre le Nord et le Sud laisse la communauté internationale perplexe. Plaidant sans relâche pour que la question soit prise sous l’angle de l’intégrité et de l’unité du territoire (le sien), le Maroc le dit haut et fort : « Nous sommes pour une indépendance … Enfin, je veux dire pour une autonomie des populations sahraouies ». C’est bien cette alternative sémantique (indépendance / autonomie) qui aura provoqué le plus de remous durant ce Sommet à bâtons rompus, et la résolution adoptée aura été l’aboutissement de longues heures d’efforts et de peine, d’effusions intellectuelles, d’immersion dans le quotidien diplomatique, de débats éloquents marqués par une fin de session festive.

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Aussi, l’IHEI tient à récompenser particulièrement le travail et l’investissement des étudiantes et étudiants qui, pour la majorité, participaient à leur premier MUN. Par les bons soins de Cécile BULTEZ, des certificats d’honneur ont été remis à Nina MERCAT-MONCORGE (Maroc) et Sami KABBARA (Cuba) et des mentions honorables à Anaïs MERY (Arabie Saoudite), Mayssane AFLAK (Chine) et Lucien MONTARDI (France). Le prix du meilleur discours d’ouverture est avec évidence revenu à Maya ARTIEDA (Libye) et celui du meilleur orateur à David ROUCEK (Mali). Enfin, le prix du meilleur texte de politique générale a été justement attribué à Sofiane NASRI (Venezuela) et celui du meilleur projet de résolution à Polina BLAGOVA (Russie). De telles distinctions ne sauraient égaler toutefois les remerciements dus aux honorables membres du jury (Pascale MARTIN-BIDOU, Pierre JOURDAIN, Adrien DUVERGÉ et Alix EICHENLAUB), à la greffière (Cécile BULTEZ), à la présidente de session (Fanta DEMBÉLÉ) et à sa vice-présidente (Sarah BAYDOUN) ayant su ponctuer et encadrer des débats bouillonnants.
Aux suivants !

 

1 Afrique du Sud (Donatien GERY), Algérie (Pierre-Alexandre MORIN) Arabie Saoudite (Anaïs MERY), Burkina Faso (Nathael ORY), Chine (Mayssane AFLAK), Côte d’Ivoire (Thibault CHOPLET), Cuba (Sami KABBARA), Égypte (Konstantinos KIKIRAS), Espagne (Clémence LE FAOU), États-Unis (Caroline DESPAUX), France (Lucien MONTARDI), Libye (Maya ARTIEDA), Mali (David ROUCEK), Mauritanie (Yacine MOUSLI), Mexique (Aina RAZAFIMAMBASON), Royaume-Uni (Killian GOND), Russie (Polina BLAGOVA), Turquie (Mustapha WASSA), Venezuela (Sofian NASRI), Maroc (Nina MERCAT-MONCORGE).